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mielamundi eco ethno travel, le carnet de root

Le Carnet de Root du Tour du Monde de Marie et Greg. 1 an de voyage de l'Amérique du Sud à l'Afrique Australe en passant par l'Asie, à la rencontre de la nature et des hommes...

Quand Kruger rime avec galère...

Nous sommes à nouveau dans le bush, les jumelles à portée de main, le livre sur les oiseaux déjà ouvert et l’œil aux aguets. Ca nous manquait, et nous sommes joyeux comme des lurons ! On en aurait presque oublié la grande leçon apprise au Botswana : le bush africain, ça se mérite ! Jusqu’à ce qu’on se retrouve sur la jante, sur une mauvaise piste de tôle ondulée. Bam ! Un mauvais caillou et le pneu s’est déchiré…  Nous n’avons pas eu le temps de perdre la main et montons la roue de secours en 2 temps 3 mouvements. Un petit coup de compresseur et… aïe ! Mauvaise nouvelle… ce petit chuintement là… la roue de secours, déjà réparée plusieurs fois, fuit aussi ! La mèche de caoutchouc introduite dans la dernière crevaison fait des bulles façon Rabi Jacob dans l’usine de chewing-gum ! C’est la mouise… [pour rappel, la 2ème roue de secours que nous trimballons sur le toit depuis le début du voyage ne nous est d’aucune utilité, car ces «imaginez ici le petit nom d’oiseau de votre choix » de l’agence de buy-back nous ont refilé une roue de Land Cruiser qui ne s’adapte pas à SilverBack !].

Nous sommes à 5 km du poste frontière entre le Mozambique et l’Afrique du Sud, aux portes du parc Kruger. Une seule solution, essayer de pousser plus loin comme ça, en surveillant la roue et en la regonflant tous les 5 km. La mèche fait plus de bulles que jamais, l’air sort en chuintant à chaque tour de roue et le bord du pneu, fragilisé dans sa structure interne, forme une hernie inquiétante. Greg essaie de maîtriser la tenue de route pendant que je reste le nez collé au rétroviseur, pour surveiller l’aspect du pneu. Nos arrêts compresseur sont « illégaux ». Nous sommes dans une réserve animalière, il est interdit de descendre du véhicule… Mais quand il y a urgence…. Si on ne regonfle pas, on reste scotchés là alors… Nous atteignons non sans peine le poste frontière. Les formalités sont rapides mais il n’y a pas possibilité de réparer. Nous devons encore pousser jusqu’au prochain camp du Kruger (le parc côté Afrique du Sud), à 45km de là. C’est reparti pour l’expédition ! Dans nos têtes, avoir retrouvé l’Afrique du Sud est déjà un grand confort : on est certains de trouver un vrai garage au bout du tunnel ! Mais la roue se détériore à vue d’œil. Un autre trou se forme. Nous sortons notre dernière cartouche : notre propre kit de réparation. Le trou est important, il nous faut introduire 3 mèches pour le colmater. 5 km. Regonflage. La roue perd toujours. 5 km. Regonflage. Il semble que le trou s’agrandit, l’air s’échappe de plus belle. 3 km. Nous introduisons nos 3 dernières mèches. 8 km. Nous avons atteint le goudron, l’Afrique du Sud nous apparait comme le summum du développement après 1 mois de Mozambique ! 100 mètres. Tchiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii… La roue a rendu l’âme, fendue sur plusieurs cm. Il faut rendre les armes, nous n’avons plus de filet… En rade… Si on était sur le tournage d’une pub, c’est là qu’on entendrait le jingle « Vas donc, vas donc chez Speedy, Speedy ! » ;-)


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1 mèche, 2 mèches, 6 mèches, scratch... une entaille de 10 cm...


Mais nous ne sommes pas sur un plateau télé… Il ne nous reste plus qu’à attendre le passage d’une voiture. Heureusement, nous sommes mieux lotis qu’au Botswana, car le parc Kruger est la réserve la plus fréquentée d’Afrique. Un couple de jeunes Sud-Africains dans une petite Toyota ne tarde pas à prendre Greg (et 1 des pneus !) en stop pour le conduire jusqu’au camp. Je suis de garde et reste dans SilverBack, en attendant le retour de Greg, croisant les doigts pour que le pneu soit réparable. Les quelques voitures qui passent ralentissent en me dépassant, scrutant le bush alentour, persuadées que je suis à l’affût d’un gibier rare, rhino, lion ou éléphant. Mais non les gars, ma voiture est juste sur cale ! ;-)

Une heure et demie après, la Toyota Yaris rouge réapparait. Ian a attendu Greg au garage et l’a ramené jusqu’ici. C’est super sympa. Ils sont décidemment très forts en solidarité dans le bush ces Sud-Africains ! Le pneu est sommairement réparé (ils ont dû le démonter, mettre une rustine, ajouter une chambre à air – alors qu’il est normalement tubeless, pour les connaisseurs ;-), de quoi nous permettre de sortir du parc pour aller le changer. Nous remontons la roue et suivons Ian jusqu’au camp. La journée a été bien éprouvante, ça suffit pour aujourd’hui ! Ian et Michelle nous invitent à partager leur dîner. Nous insistons pour faire les courses et apporter au moins la viande à griller (merci le retour à la civilisation, le magasin du camp a des linéaires remplis de bonnes choses !:-) Soirée très sympathique autour du braaï, envahis de centaines de cigales très en verve.

Le lendemain nous prenons la direction de Phalaborwa, la ville la plus proche à la bordure du parc. La route traverse le parc dans toute sa largeur, et nous offre l’occasion de profiter un peu du bush et de sa faune. La malchance c’était hier, aujourd’hui semble s’annoncer sous de meilleurs auspices.  Le ciel est couvert, la température encore fraîche et les félins semblent aimer s’allonger sur le bitume… Tu roules, tu roules, et puis soudain… Tiens il y a quelques chose au milieu de la route là bas… un lion et sa lionne, étendus tranquillement. Puis quelques kilomètres plus loin, 2 beaux mâles. Et encore plus loin 3 nouveaux lions. C’est incroyable ! Peu de monde, et ces rois de la jungle à quelques mètres de nous. Crinière imposante, démarche feutrée, regard d’or. Echanger un regard yeux dans les yeux avec un lion est toujours un moment magique, suspendu, qui donne des frissons. On sait à nouveau pourquoi on est là, pourquoi on en bave depuis des mois… l’Afrique du bush nous prend aux tripes. Des galères mais de magnifiques récompenses. Jingle du moment : « parce qu’on le vaut bien ! »


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"Ici, c'est moââa qui commande..."


Le temps passe et nous continuons notre route. A Phalaborwa, le commerce de pneus et de pièces auto semble florissant, comme un peu partout en Afrique Australe. Nous déboursons nos derniers deniers pour équiper Silverback d’un beau pneu arrière tout neuf, et d’un pneu de secours d’occasion. En 2h, l’affaire est terminée et nous rentrons à nouveau dans le parc, décidés à profiter à fond des 2 jours et demi qui nous restent dans ce paradis animalier. Jingle du moment : «le soleil vient de se lever, Ami Ricoré ».


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Derniers instants de vie sauvage...


Bon. Autant vous dire tout de suite que l’Ami Ricoré n’a pas tardé à aller se recoucher… Une demi-heure après notre entrée dans le parc, à l’occasion d’un petit coup de fil anodin, nous apprenons une grande nouvelle : non ce n’est pas une blague, Twende, l’agence qui nous a vendu Silverback et qui doit nous la racheter (d’où le contrat dit de buy-back) est en liquidation ! Mama mia… mais qu’est-ce que ça veut dire ?

1-Silverback est plus que jamais, définitivement à nous…

2-Mais nous n’avons pas les papiers originaux !

3-Et il nous faut trouver seuls un autre acheteur…

4-Tout ça en moins de 10 jours car nos billets d’avion ne sont ni échangeables ni remboursables !

Bon ben va falloir s’y mettre tout de suite alors… En route pour Cape Town, fissa! 3 jours pour sortir de Kruger et traverser l’Afrique du Sud. Nous apprécions trop brièvement la diversité des paysages à travers lesquels nous roulons : les vergers de l’est, auxquels succèdent les terres plus désertiques du centre, et enfin les reliefs verdoyants et les vignes de la province de Western Cape. Charlotte et Benjamin, nos amis du Cap sont prévenus, les boulets débarquent avec quelques jours d’avance ! Nous retrouvons avec plaisir un vrai lit, une couette, une bonne douche, et une vraie maison. Nous sommes reçus comme des rois !


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Sur la route, au milieu de l'immensité de l'Afrique du Sud. 1800 km en 2 jours!


Nous sommes lundi soir. Notre avion part le mardi suivant. Nous avons 5 jours ouvrés pour vendre Silverback. Le plan orsec est mise en place. Etape n°1 :  contacter tous les « car-dealers » (revendeurs de voiture) de la ville, par téléphone ou internet, pour leur proposer la voiture. Une demi-journée suffit pour déchanter. Le marché de l’automobile est en crise, et Silverback a bien des défauts : (là faut imaginer la vieille pub Vache qui Rit…) trop vieille… (les banques sud-africaines n’acceptent plus de financer les voitures de plus de 5 ans), trop « brandée »… (Land Rover est une marque de spécialistes, à la mécanique robuste mais trop compliquée pour le commun des mortels), trop gourmande… (V8 essence, c’est tonique mais ça boit trop d’essence), trop équipée…  Charlotte et ses parents essaient de nous remonter le moral… allez, faut pas se décourager… Etape n°2 : faire la belle… Il nous faut aller convaincre en chair et en os. Ou plutôt en carrosserie et en chrome… Silverback passe au karcher : aspirée, astiquée, polishée, elle est rutilante et plutôt séduisante. C’est reparti pour une tournée des car-dealers. Les enchères ne montent pas vite, les requins sont redoutables. Nous allons être obligés de brader SB, ça nous serre le cœur. Les petites annonces laissées dans les hôtels et publiées dans les journaux du coin ne portent pas encore leurs fruits. Nous n’avons pas assez de temps pour la vendre à des particuliers. 

Jeudi : la meilleure offre qu’on nous a faite s’élève à 42 500 rands (alors qu’on devait récupérer 65 000 rands dans le contrat de buy-back initial). Mais le mec a l’air sérieux, et il veut la louer à des touristes, toute équipée. Ca nous plaît assez de savoir qu’elle va repartir dans la brousse et faire vivre de beaux moments à quelqu’un d’autre.

Vendredi : toujours pas de nouvelles des papiers originaux. Le liquidateur les a envoyés à son correspondant sur Cape Town en début de semaine mais ils ne semblent pas encore arrivés. Sans eux nous ne pouvons pas faire les démarches administratives pour la mettre à notre nom et donc ne pouvons pas la vendre… le stress monte…

Samedi & Dimanche : tout est fermé. Il n’y a plus grand-chose à faire pour avancer. Sauf prendre un peu de bon temps pour se détendre. Shopping, balade au jardin botanique, déjeuner gambas en bord de mer à Kalk Bay, le temps est magnifique et nous profitons de nos derniers jours d’été, et de vacances.


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Déjeuner en bord de mer et ballade au jardin botanique : un peu de détente!


Lundi : in extremis en fin de matinée nous arrivons à récupérer les papiers originaux de SB et la lettre nous autorisant à la mettre à notre nom. Cap sur la préfecture pour les démarches administratives. A 15h, nous tenons dans nos mains, émus, la « carte grise » de Silverback, à mon nom. Le car-dealer nous appelle, il n’arrive pas à faire de virement par internet. Il faut aller tous ensemble à sa banque qui vient… juste de fermer. Nous prenons RDV pour le lendemain matin.

Mardi : les bagages sont prêts, ficelés, pesés. Nous reprenons une dernière fois nos places dans Silverback pour nous rendre à Belleville. Le virement est effectué sous nos yeux, par l’employé de banque. Le cœur gros nous jetons un dernier regard à notre fidèle Silverback. On a quand même vécu dans, sur et autour d’elle pendant 89 jours, et 18529 km. Quelle aventure ! Elle a fière allure garée sagement le long du trottoir. Le car-dealer nous ramène à Cape Town. H-6 avant le décollage. On a perdu un peu d’argent mais on a réussi !

18h40 Notre avion Qatar décolle.

Au revoir Cape Town...

Au revoir l’Afrique…

L'aventure Mielamundi touche à sa fin...


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Le bisou d'adieu à notre fidèle compagnon de route
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P
J'apprécie votre blog , je me permet donc de poser un lien vers le mien .. n'hésitez pas à le visiter. <br /> Cordialement
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