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mielamundi eco ethno travel, le carnet de root

Le Carnet de Root du Tour du Monde de Marie et Greg. 1 an de voyage de l'Amérique du Sud à l'Afrique Australe en passant par l'Asie, à la rencontre de la nature et des hommes...

Steppe by steppe dans le nomad's land

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Gers "accroche-lumiere"....

24 jours de baroude,
3000 km, dont seulement 5 heures de goudron,
2 enlisements severes (scotches pendant des heures :-),
1 mega cuite du chauffeur (d'ailleurs on n'a pas retrouve notre bouteilee de vodka...),
1 journee a dos de chameau,
4 jours de trek a pied,
3 jours a cheval...

Aventure,
Purete,
Authenticite,
Rudesse,
Vertige horizontal.

La Mongolie se vit plus qu'elle ne se visite. Pas de paysages extravagants, ni de monuments. Ce coin sauvage pourrait plutot tenir dans le cadre d'une carte postale: une herbe rase et verte, un ciel bleu seme de nuages cotonneux, une yourte (ici, on dit "ger") dont la blancheur accroche la lumiere, un cheval selle, et un troupeau, qu'il soit de chevres ou de yaks. Rien n'est artificiel. Tout est pur, brut, souvent rustique, mais vrai. Les gens nous recoivent simplement mais chaleureusement, souvent reserves jusqu'a ce que les sourires naissent de nos essais de conversation en mongol. Notre pratique est reduite mais nous sommes capables d'aborder les deux sujets les plus importants de la vie mongole : la famille (litteralement " les gens de la ger") et les betes. Le reste est exprime en sourires, en mimes, ou en dessins.

Notre equipee fantastique a son fidele destrier : baptise Gengis Car (pour sa fiere allure et son esprit de conquete ;-), notre fourgon 4x4 russe nous a brinquebales vaillament par monts et par vaux : pistes caillouteuses, sable, rivieres, marecages, off-track a travers la steppe, il a trace son chemin et vaincu tous les obstacles.

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Gengis Car roule sa bosse, trimballant sa fine equipe

Au volant, Gampa (la 50aine plutot bien conserve :-) assure un max : pour nous la steppe ressemble a la steppe mais lui semble reperer les indices invisibles qui marquent les changements de direction ou le debut d'une nouvelle piste a peine dessinee. As de la conduite tout terrain et amoureux de son fourgon, il ne manque pas une occasion de mettre le moteur en pieces detachees pour regler la mecanique (prend de la graine Grego, dans un mois en Afrique, c'est toi qui repare le 4x4! :-). Il ne manque pas non plus une occasion de courir apres les femmes, Mme Gampa a du souci a se faire! :-)
Il y a aussi (et surtout!) Boggie, notre ange gardien. Le contrat dit qu'elle est notre guide, mais elle parle a peine l'anglais et decouvre les 2/3 du trajet en meme temps que nous :-). Mais elle nous mijote de bons petits plats a partir de denrees dont on n'aurait pas su tirer grand chose nous meme, et nous ouvre les portes de la culture mongole en nous introduisant dans les familles croisees en chemin. Et puis il y a Benoit et Violaine, un couple de tour-du-mondistes qui partagent avec nous 15 jours de l'aventure, et bien sur Olivier (qui trouve que la Mongolie, "ca sort comme une tonne de briques", autrement dit "c'est tres beau").

Sur les cols ou pres des lacs sont dresses des ovoos, pyramides de pierres ou de branches sacrees, ornees d'echarpes en soie bleue, et sur lesquels les mongols deposent billets, vodka ou colliers d'oreilles de chevres (!) en offrande. Heritage syncretique du chamanisme et du bouddhisme, on tourne 3 fois autour de l'ovoo dans le sens des aiguilles d'une montre en y jetant un caillou pour chacun des membres de sa famille. Conformement a la tradition, nous faisons tous nos trois tours autour du premier ovoo rencontre sur la route, pour attirer la chance sur notre periple (une petite pierre pour tout le monde, meme zeze! ;-). On asperge aussi de lait les roues de Gengis Car, pour parer a toute eventualite.

Le pays fait trois fois la superficie de la France et est peuple par 2.6 millions d'habitants seulement, dont presque la moitie vit a "YouBi" (le petit nom local d'Ulaan Baatar). Le calcul est vite fait, les problemes de voisinages sont vite regles : les voisins sont toujours a ... quelques encablures a cheval!
Ce qui est incroyable pour nous, habitants d'espaces limites, c'est cette immensite qui fond au loin la terre et le ciel. Notre regard ne rencontre pas d'obstacle. On croit toucher du doigt un lac, une colline, mais c'est un leurre... Les distances sont etirees. Seules les gers, toujours visibles de tres loin, donnent l'ordre de grandeur qui permet d'evaluer l'echelle globale. Au grand buffet de la Creation, c'est clair que la Mongolie a recu du rab de ciel! Sur des kilometres et a 360 degres, on peut observer les nuages moutonner, s'etirer, capter la lumiere, ou noircir et lacher leur rideau de pluie. On assiste a des couchers de soleil hallucinants.

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Au pays des couleurs incroyables...

Les gers constituent le seul habitat en dehors des villes (et bien souvent une partie des quartiers urbains, y compris a Ulaan Baatar). Circulaires, tapissees de feutre (laine tassee par les chevaux) et couvertes de toile blanche, elles "crevent" le paysage et attirent l'oeil a des kilometres. La porte, les quelques meubles (un ou deux coffres, deux tabourets, deux lits) sont generalement orange vif et decores de motifs floraux colores. Il n'y a pas d'eau courante, un bidon est range derriere la porte. Quelques rares familles possedent une batterie (rechargee par panneau solaire ou eolienne), qu'ils branchent a une ampoule ou une vieille tele noir et blanc, mais la plupart s'eclairent a la bougie. Au centre de la ger trone l'indispensable poele et la "boite a bouses" ou sont empilees les bouses sechees qui servent de combustible (on a sillonne le pays pendant 10 jours avant d'apercevoir un arbre! Il faut bien trouver des alternatives...). Nous nous sommes d'ailleurs mis a la mode du pays en allant de temps en temps faire une collecte nocturne de bouses pour nous assurer une soiree bien au chaud ou un feu de camp joyeux (le feu de crottin de cheval est parait-il le meilleur anti-moustique disponible en Mongolie)!

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Habitat traditionnel

Entierement demontable en une demi-heure de temps, la ger est entassee sur une jeep ou sur un chariot tire par yaks ou chameaux, pour aller un peu plus loin, la ou les paturages sont plus verts et permettront de nourrir le betail une saison de plus. Les familles mongoles sont encore nomades et deplacent leur ger trois a quatre fois par an. Si quelques familles tirent des revenus complementaires en accueillant des touristes pendant les 3 mois d'ete, leur survie sur l'annee entiere reste entierement suspendue a la production de leur troupeau (viande et lait). Du fait de la courte duree de la haute-saison touristique, il y a donc un reel espoir que le developpement touristique naissant ne modifie pas aussi profondement qu'ailleurs les traditions et le mode de vie mongol.

La vie nomade est organisee autour du troupeau. Le regroupement des animaux parfois disperses assez loin aux alentours, la traite (des juments, des yaks, des chevres et des brebis), le traitement du lait (yaourt, fromage, beurre, creme, lait fermente) rythment la vie des familles. Tout le monde est mis a contribution. Les hommes partent a cheval rassembler les betes les plus lointaines, les enfants dirigent les chevres et les moutons vers l'enclos, les femmes assurent generalement la traite et la transformation du lait. Les animaux ne sont pas toujours faciles a manipuler. D'autant plus que pour les yaks et les juments, le petit est approche de sa mere, mis a la tetee, puis retire et remplace par les doigts habiles de la trayeuse. Les chevres sont plus disciplinees et viennent quasi d'elles-memes s'aligner tete-beche pour la traite bi-quotidienne.

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La traite de fin de journee

Les chevaux
eleves en hordes sont a demi sauvages. Seuls quelques-uns, toujours des males, sont reserves a la monte. On les voit souvent selles, attaches au portique (le "parking" a chevaux installe devant chaque ger), prets a etre enfourches. Les chevaux mongols sont petits, muscles, a la criniere et a la queue tres longue. Ils sont issus des takhis, les derniers chevaux sauvages au monde, recemment reintroduits en Mongolie. Differents genetiquement des autres races equines, les takhis sont les descendants directs des chevaux prehistoriques d'Europe et d'Asie, qu'on retrouve dessines sur les parois des grottes de Lascaux.

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Le cheval, meilleur ami de l'homme!

Gampa et Boggie ont pour consigne de nous plonger dans le quotidien mongol, pour le meilleur et pour le pire! Nous nous arretons le plus souvent possible pour dejeuner ou dormir dans une ger, parfois de leur connaissance ou encore a l'improviste. Le maitre ou la maitresse de maison nous accueille dans l'espace circulaire de l'abri familial. Y vivent tres souvent ensemble, les parents, les enfants et les grands-parents paternels (pourtant rares sont les gers qui ont plus de deux lits!). On nous sert alors un bol de the mongol (tres peu de mauvais the, beaucoup de lait - de chevre, de yak ou de brebis -, et du sel), accompagne de yaourt seche ("aarul"). Le yaourt seche fait partie des friandises mongoles que l'invite n'a pas le droit de refuser. C'est
tres acide, fort en gout, et poils (de provenance indeterminee :-) et mouches ne manquent presque jamais de coller aux bouts qu'on nous propose...

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Le "suuteitsai", the au lait mongol, et les friandises qui l'accompagnent : beignets et morceaux de yaourt seche

Il faut croquer, faire semblant d'aimer, et attendre que nos hotes tournent le dos pour les glisser dans nos poches ou les filer aux chiens! En echange de leur hospitalite, nous partageons souvent nos repas. Les meres sont heureuses de manger des legumes et des fruits, completement absents du regime alimentaire mongol en dehors d'Oulan Bator. Les conditions climatiques dans la majeure partie du pays sont trop rudes pour cultiver un potager. Pour les memes raisons, la Mongolie ne produit pas assez de cereales pour supporter l'aviculture, et la viande de poulet est une denree quasi-introuvable!
Mais alors, que mangent les mongols?
- DU MOUTON (ou de la chevre)! Fort et gras... qui seche suspendu a la structure en bois de la yourte et dont l'odeur impregne tous les interieurs. Et les couvertures. Et les vetements. Et les gens.
On le cuisine dans des raviolis vapeur ("buzz") ou dans des beignets frits ("jouchours"), avec des pates et des bouts de pomme-de-terre, cuit par des pierres chaudes ou trempe froid dans le the au lait (au petit dejeuner, bon appetit! ;-). Pour nos papilles habituees a des gouts plus moderes, c'est parfois un peu difficile. Pour Greg a qui on n'a jamais reussi a faire avaler un bout d'agneau a la maison, c'est carrement le bonheur! Heureusement, dans les vallees plus fertiles, les paturages plus gras autorisent l'elevage de yaks et une peu de viande bovine dans nos assiettes!
- La "nourriture blanche" : lait, beurre, creme, yaourt et yaourt seche (conserve pour l'hiver), jusqu'a la vodka locale distillee a partir du lait (ca se deguste tiede et ca sent le fromage, miam miam...).

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La nourriture blanche : fromage seche, lait, poche a yaourt

Si l’habit ne fait pas le moine, en Mongolie le deel fait le mongol... Tout(e) mongol(e) qui se respecte porte le deel, long manteau large ceinture a la taille par une etole de soie de couleur vive. S’il fait chaud, on degage les bras des manches et on laisse pendre la partie superieure de l’habit, un peut comme on le fait avec une combinaison de ski :-). Mais le deel est avant tout un accessoire multi-fonctions : tapis de sol, tablier pour la traite, panier a bois, receptacle pour faire secher le yaourt, garde manger ou sac de couchage, « on a toujours besoin d’un petit deel sur soi ! »

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Le deel, partout et tout le temps!

Quand il n’y a pas de ger alentour, nous nous arretons pour pique-niquer ou planter la tente au milieu de nulle part. Les spots de camping sont souvent incroyables, petites tentes fluo posees autour de Gengis Car, sur un fond vert qui n’en finit plus. Les moustiques et les mouches arrivent en masse, jusqu’a ce qu’un bon feu de crottin les mette en panique (et nous enfume aussi ! ;-). Et comme les douches sont rares dans le pays, il faut user d’autres moyens : rivieres, tuyaux d’eau sur un bord de piste, lacs, pluie d’orage, toute occasion est bonne de se rafraichir (avec du savon biodegradable !) et faire une petite lessive.

La nature est completement preservee : on traverse des prairies fleuries naturelles comme on devait en avoir en France il y a un siecle... Des vautours, des aigles, des eperviers se disputent le ciel. Les loups font des concerts de hurlements la nuit tombee (refugies dans la tente on adore) et volent les agneaux dans les troupeaux (on en a course un avec Gengis Car, il a fini par lacher l'agneau pour s'echapper plus vite, il etait magnifique...) Une diversite vegetale et animale qu'on a perdu l'habitude de voir chez nous. L'ecosysteme n'a pas ete bouleverse par l'agriculture (les cultures ne representent que 0.7% de la surface du pays, contre 80% de paturage), il n'y a pas de pollution et c'est un regal!

 

 

De UB, nous avons file droit au sud vers les steppes d'herbe seche et de poussiere du Gobi. Sur la route, la geologie locale nous reserve des surprises : collines de roches volcaniques, boulders de gres, plateaux sedimentaires erodes en cheminees de fee. La region sedimentaire de Bayanzag, par exemple, est connue pour l'abondance de squelettes et d'oeufs de dinosaures qui y ont ete decouverts. On aurait bien voulu se faire une omelette prehistorique mais on est restes bredouilles! A Yolyn Am, la vegetation desertique devient alpine! Gerboises et mini-marmottes font les concierges, assises sur leur derriere, a l'entree du "Ice Canyon" gele 10 mois sur 12. Plus nous avancons vers le sud, plus les troupeaux de chameaux aparaissent dans le paysage. Apres des kilometres de steppe desertique, la langue de dunes de Khongoryn Els (un enorme tas de sable impressionnant, comme deverse par un camion-beine au milieu de nulle part, entre 2 rangees de montagnes) surplombe une herbe verdie par une petite riviere. Le contraste est saisissant. Les dunes ne representent que 3% de la surface du desert de Gobi. Mais celles-ci s'etendent sur 120 kilometres de long, 10 de large, et 130 metres de haut.

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Les dunes de Khongoryn Els, dans le Gobi

Les chameaux (comme les chiens d'ailleurs) n'ont pas encore tout a fait perdu la bourre laineuse de leur "manteau d'hiver". Un tapis de selle glisse entre leurs deux bosses, nous nous essayons a les chevaucher. La bete est assez placide et il faut user du "tchouk" sonore et de bons coups de talons pour la faire passer au trot! Apres etude zoologique approfondie dans plusieurs deserts du monde, dromadaire ou chameau, meme combat! Deux usines a fermentation hautement odorantes qu'on n'a pas envie d'embrasser sur la bouche! La chaleur en pleine journee est accablante et l'escalade des dunes plutot sportive. Mais le panorama au sommet vaut bien l'effort! Et comme plus on en bave, plus on en redemande, on a remis ca a 4h30 le lendemain matin pour un lever de soleil par un vent a "debosser les chameaux". On a pris du sable plein la tete mais un peeling naturel au faite de la plus haute dune du Gobi, ca en jette quand meme plus qu'au Spa Nuxe a Paris!

Laissant le Gobi derrière nous, nous piquons plein nord vers une région volcanique au relief auvergnat : 8 lacs volcaniques y sont relies entre eux par un réseau aquatique souterrain. Les forets de sapins colonisent les versants des vieux cones volcaniques et les prairies sont fleuries de campanules, edelweiss, ancolies, trèfle rouge, oignons sauvages, myosotis, pensées… Les bagages sangles sur 2 chevaux, nous partons en rando quatre jours guides par Banchig, un beau gosse sympathique (et excellent chanteur au coin du feu de camp!) qui ne laisse pas insensible notre jeune et tendre Boggie…

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La region des Huits Lacs, et Banchig dans son deel au coin du feu

La région détient la palme du nombre de mouches, c’est incroyable! On en viendrait presque a souhaiter la pluie pour se débarrasser de cet essaim infatigable qui bourdonne a nos oreilles. La toilette dans le lac chauffe par les roches basaltiques les éloigne un peu, c’est du bonheur. Nous alternons nuits sous la tente et dans les gers reculées. Ces étapes familiales sont souvent l’occasion de partager une tranche de vie mongole. Les adultes sont un peu timides et souvent occupes aux travaux quotidiens (la traite, les troupeaux…) tandis que les enfants sont toujours motives pour une partie d’osselets (qui peut durer des heueueueures…) ou une seance photos. Ici on eleve des yaks. Le fromage est egoutte dans des sacs de jute suspendus a un pieu puis presse entre deux grosses pierres pour en extraire  le petit lait et en faire une pate compacte qui sera mise a secher sur le toit de la ger. Les morceaux de viande sechent a l'interieur et repandent leur odeur de bergerie,
une panse de mouton retournee, gonflee de beurre de printemps est posee a meme le sol et la maitresse de maison distille l'airag (lait de jument) pour produire la vodka locale. Pas de lit, juste un tapis, un petit coffre et les bidons de lait de la traite du jour.

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Portraits croises...

Nous enchainons ensuite sur les chutes de l'Orkhon (un des cours d'eau alimentant le Baikal), et des sources chaudes (hum.... une vraie douche! :-).
"Stuked in the mud"... C'est pas le titre d'un nouveau thriller mais bien l'intitule de notre journee classee "la plus galere"... Il a beaucoup plu dans la region les jours precedents. Le terrain est boueux. Prevoyant les ennuis, Gampa entame l'itineraire sous un jour novateur : il decide de laisser tomber la route pour attaquer directement la montagne tout droit vers le sommet, en off-track. Gengis grimpe vaille que vaille, mais arrives la haut, le chemin de crete est trop difficile et nous oblige a redescendre. Va pour la route normale alors... mais ce qui devait arriver arriva, Gengis s' englue! Poussons, poussons, rien ne se passe. Il nous faut detourner le ru d'eau qui descend la piste pour assecher un peu le sol et glisser des branches sous les roues. Finalement, en une heure la victoire est emportee, Gengis est sorti d'affaire mais nous devons renoncer a continuer par la. Il est deja tard et nous nous engageons sur une autre piste qui nous oblige a un grand detour. Quelques heures de route dans de bonnes conditions nous font croire a la poupee soviet. Mais non! La traversee d'une valle humide sur le coup de 19h30 nous est fatale... Cette foie, Gengis y est jusqu'au plancher. ("On dirait qu'ca t'gene de marcher dans la boue"! :-). Pelleter, pousser, faire levier avec un tronc pour soulever Gengis, rien n'y fait. La nuit tombe et un enorme orage nous trempe jusqu'aux os. Il fait froid en Mongolie hein? Pendant que nous continuons a nous acharner, Boggie part a l'aventure chercher de l'aide. Et bien croyez le si vous le voulez, nous la voyons reapparaitre dans un truck 4x4 enorme, conduit par un mongol... taille pour son truck. En une demi-heure de temps (et apres une corde cassee), il nous treuille et nous sort de notre lit de boue. 22h30, Gengis est a nouveau libre. Mais on a froid et on a faim. Et c'est la que la magie mongole opere a nouveau... On frappe a la porte d'une ger. Le poele est eteint et la famille deja endormie. La maman se leve, sourit. Le poele est rallume, le the prepare aussitot et la marmitte de riz mise a chauffer. Nous sommes accueillis a bras ouverts, nourris, seches, et loges (par terre, serres les uns contre les autres au pied des lits ou les membres de la famille dorment deja : le grand pere avec le petit fils, la grand mere avec la petite fille, et les parents)! Le lendemain, nous deposons Violaine et Benoit qui regagnent UB en solo.

Nous avons la chance d'etre spectateur d'un des evenements majeurs du calendrier mongol : La Fete du Naadam, qui se tient dans tout le pays les 11 et 12 juillet, coincidant ainsi avec la fete nationale.
Le Naadam est un grand tournoi sportif qui comporte trois disciplines traditionnelles majeures : la course de chevaux, la lutte et le tir a l'arc. Une 4eme discipline a ete ajoutee plus recemment : le lancer d'osselets, sorte de "chamboule-tout" ou le joueur degomme des dominos en os de moutons a l'aide d'un autre domino projete comme une bille.
Les epreuves se deroulent dans et aux alentours du stade dans la capitale et la plupart des grosses villes de la Mongolie. Pour l'occasion, nous sommes a Tsetserleg dans l'Arkhangai. Ces "petits" Naadams regionaux sont plus intimes et permettent au spectateur d'etre au coeur du stade, a seulement quelques metres des "athletes". Nous ne pouvons voir la course de chevaux qui n'a pas lieu le jour de notre passage. Le tir a l'arc est majestueux. Les archers (hommes et femmes) sont habilles en costume traditionnel. Ils doivent atteindre une petite cible placee au sol, a 50m. Mais les veritables vedettes du Naadam sont les lutteurs... Il est vrai que leur tenue officielle (de grosses bottes de 7 lieues en cuir richement decorees, un slip bleu hyper moulax, une camisole rouge taille XXXS vu le gabarit des bonshommes bien en chair et un chapeau pointu-turlututu) ainsi que tout le ceremoniel des epreuves est vraiment captivant. Au debut de chaque combat, 4 lutteurs rentrent dans l'arene en se claquant les cuisses  (version mongole du haka) pour aller faire la "danse de l'aigle" autour d'un arbitre, vetu d'un manteau style Merlin l'Enchanteur. Ce meme arbitre doit debarasser le gaillard de sa coiffe pour l'autoriser a lutter. Les regles du combat en lui-meme sont assez simples : faire tomber son adversaire au sol. Le vainqueur recoit un paquet de beignets et/ou yaourts seches (quelle aubaine! :-) qu'il offre aux spectateurs ou lance en l'air en faisant trois fois le tour du drapeau mongol... pour s'attirer les faveurs de Mere Nature lors de ses prochains combats.

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Lutteurs et archers du Naadam

Repartis vers le nord, nous arretons sur les rives du Lac Blanc, escaladons les pentes du volcan Khorgo et continuons vers l'extreme nord du pays, le lac Khovsgol (6 fois la superficie du Leman), 2eme plus grosse reserve d'eau douce d'Asie, apres le Baikal. C'est le debut de la Siberie, paysages de montagnes herissees de sapins caracteristiques de la Taiga. Nous abandonnons Gengis pour des montures plus nerveuses : c'est parti pour trois jours a cheval! Une chance, Meurice et Minimeur (petits noms de notre invention derives du mongol "meur" qui veut dire cheval) sont equipes de selles russes : moins de bois, plus de molleton, mais ca fait quand meme mal au croupion! L'eau du lac est tellement bleue que si elle ne faisait pas 10 degres, on pourrait se croire aux Caraibes!

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Du bleu caraibes au Khovsgol Nuur

Apres une etape culturelle pour visiter un temple bouddhiste (un des trois temples les plus importants du pays), nous reprenons le chemin d'UB. Les 24 jours sont passes tres vite et une chose est sure, nous reviendrons!

Les photos sont en ligne...

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G
Vos photos sont toujours aussi belles. je ne m'attendais pas à ce que la mongolie ressemble à ça!<br /> continuez à nous faire réver à distance! Vous racontez toujours aussi bien vos expériences!<br /> <br /> Gigi sous le soleil de Paris!
Répondre
M
<br /> A quand les vacances pour toi mon Gigi???<br /> Pour nous ca y est... de retour au bercail pour une courte escale avant l'Afrique. Et on va profiter de la gastronomie francaise, ca c'est sur!!!<br /> gros bisous<br /> <br /> <br />