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mielamundi eco ethno travel, le carnet de root

Le Carnet de Root du Tour du Monde de Marie et Greg. 1 an de voyage de l'Amérique du Sud à l'Afrique Australe en passant par l'Asie, à la rencontre de la nature et des hommes...

Chroniques du Mozambique

LES ELECTIONS :

Le Mozambique est en ce moment tout entier tourné vers les élections municipales, prévues à la fin du mois. La propagande est une affaire qui marche, on ne compte plus les T-shirts, les pagnes, les affiches et les drapeaux distribués et placardés dans les rues. Le match se joue entre FRELIMO et RENAMO. En grossissant un peu (mais à peine !) le trait : entre le parti qui a conduit le pays à la banqueroute après l’indépendance en voulant appliquer une politique sociale radicale (FRELIMO) et le parti révolutionnaire qui a détruit routes, écoles, ponts, hôpitaux etc… et plongé le pays dans 17 ans de guerre civile (RENAMO). Pierre Palmade aurait pu dire : « tu préfères avoir … des jambes en mousse ou la grippe toute ta vie » ? J

Quoiqu’il en soit, chaque parti semble avoir son lot de supporters. Il faut dire que FRELIMO offre le plein d’essence à tous les automobilistes et motocyclistes qui veulent bien accrocher un drapeau à leur véhicule ou leur deux-roues, et les fêtes sponsorisées battent leur plein partout. Musique africaine à fond (chaque parti a créé sa chanson, interprétée par des artistes à la mode), les femmes chantent et dansent dans leur pagne politisé. Comment tu dis ? de l’achat de vote ????....

Dans la bataille de bruit et de couleurs, le FRELIMO semble avoir une longueur d’avance…  Peut-être parce que c’est le parti au pouvoir… et qu’il lui est plus facile de piquer dans la caisse pour financer la campagne !

LES FLICS :

Le flic dressé au milieu de la route dans sa belle chemise blanche est toujours un stress pour les conducteurs « touristes donc pigeons » que nous sommes. La règle d’or : sourire, lui adresser les formules de politesse en langage local et avoir toujours sous la main un chewing-gum, une clope ou une canette à lui proposer. Quelques fois, la flemme est plus forte que l’appât du gain…. Pfiou… faire le tour du véhicule ? Demander les papiers ? Trop fatigant…. Allez passez….

Mais parfois on peut tomber sur un flic qui prend des vitamines…

Cette fois là, il nous a fait garer sur le côté. Et il a décidé de se donner toutes les chances de nous racketter en testant tout ce qu’il pouvait tester : clignotant droit, gauche, warnings, feux de recul, phares, feux de stop… Mauvaise pioche. Silverback est en grande forme, tout fonctionne, rien à verbaliser cette fois ci. Mais le plus drôle c’était son zèle à ne rien laisser passer, alors qu’à 2 mètres devant nous venait de se garer un bus public bondé, sans pare-brise ni à l’avant ni à l’arrière, les feux et les phares défoncés, et les clignotants suspendus à un fil le long de la carrosserie… J

LES GENS :

Au Mozambique le contact humain a quelque chose de particulier. Avant de te dire bonjour, on te demande de l’argent. Petits, grands, jeunes ou vieux, on a toujours droit à « donne moi  100 balles !». Tu as besoin d’aide ? On te la monnaye. Tu achètes un service ? On te fait comprendre qu’en plus du prix convenu, une gratification serait la bienvenue.  Pendant cette excursion en bateau dans l’Archipel de Bazaruto par exemple, les « skippeurs » avaient peint le mot ‘TIPS’ (pourboire) en énorme sur toutes les surfaces planes du bateau… J

Seules les femmes ne demandent jamais rien. Elles n’ont pas le temps, elles bossent elles !

Heureusement, l’atmosphère est plutôt bon enfant et quand on essaie de leur expliquer dans notre portugais approximatif que l’argent ne tombe pas du ciel et qu’il faut se donner un peu de peine pour en gagner, ça les fait rigoler… Ils serrent la main du « patrao » (le patron, Greg) et nous souhaitent bon voyage.

Mais qui ne gagne rien au grattage tente sa chance au tirage ! Le vol semble être un sport national… De la base au plus haut de la pyramide, corruption, larcins, escroqueries se pratiquent en toute impunité. L’administrateur de la ville exproprie ses concitoyens pour s’octroyer gratuitement les meilleurs terrains, le percepteur retient le salaire des fonctionnaires de la région pendant 6 mois pour faire du business de voitures avec Dubaï, les infirmières volent les médicaments à l’hôpital et rackettent les malades pour leur délivrer leur traitement, alors pourquoi le pêcheur n’irait pas subtiliser quelques tuiles sur le toit du voisin pour arranger le sien ? Lundi je suis volé, mardi je serai voleur ! Et quand on trouve un touriste, c’est bien meilleur ! Il y a la postière qui empoche l’argent des timbres mais oublie de les coller, le pompiste dont la calculatrice se trompe avantageusement (mais on est trop entraînés en calcul mental pour que ça marche !), et l’employé de camping qui fait les frigos de la cuisine pour y récupérer la bouffe des campeurs (une pensée émue pour nos 2kg de gambas toutes fraîches, volatilisées)… Le Mozambique, c’est un peu le Brésil de l’Afrique !

LES FANTASMES DU VOYAGEUR A L’EPREUVE DE LA REALITE :

Le voyage commence toujours dans le canapé de la maison, un beau livre de photos ou un guide de voyage dans les mains. Les éditeurs, les émissions de télé savent bien nous faire rêver… On imagine, on se projette, on se construit un monde. C’est comme ça qu’on s’est forgé une image du Mozambique : un diamant brut à découvrir avant son essor touristique inévitable, plages de rêve, côte paradisiaque, peuple authentique. Et voilà. Nous y sommes ! Plus de 15 jours que nous parcourons les routes du Mozambique. Des rives du lac Niassa au nord-ouest, à l’archipel des Quirimbas au nord-est, puis tout le long de la côte, du nord au sud. Bilan : on a attendu 15 jours avant de trouver l’eau courante (et donc une douche), et 18 jours avant d’avoir de l’eau chaude. Dans les 2/3 nord du pays, il n’existe presque aucune infrastructure pour les touristes. Ce qui pourrait faire de cette expérience un défi stimulant comme on les aime, pour découvrir des trésors peu fréquentés. Mais le pays est immense et difficile à parcourir en autonome, et les zones « d’intérêt » encore très peu mises en valeur. Une île Patrimoine Mondial de l’Humanité en ruine, des plages-poubelle… le voyageur indépendant reste sur sa faim… tant d’efforts (en voiture ou en transport en commun) pour échouer sur une plage où tout le monde défèque matin et soir ? Et pour se faire harceler à chaque arrêt par ceux qui demandent du fric, des bonbons, etc… ? On est bien loin du paradis vanté sur papier glacé ! Non… pour quelques années encore le Mozambique des magazines semble réservé à ceux qui ont une plus grosse enveloppe et circulent de lodge de luxe en lodge de luxe, en avion. Archipels privés, plages de sable blanc et eaux turquoises, on passe au dessus de la misère, des vols, des plages-poubelle et des campings où on t’amène un bidon d’eau saumâtre pour la douche. Le Mozambique que vendent les voyagistes est celui des lunes de miel, pas du voyageur indépendant.

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Une consigne affichée mais bien peu suivie...
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