Varanasi : sur les rives du Gange

30/04/2008 05:19

Si ma tante en avait....
Et bien en Inde, Tata fait tout, Tata detient tout! Conglomerat trustant tous les metiers possibles et imaginables, Tata etale ses 2 syllabes a chaque coin de rue indienne... Camions, voitures, produits alimentaires, the, telecoms, Tata sait tout faire, avec la benediction du gouvernement indien... Et elle est ou la regulation de marche? :-)

Tata India Trust...

VARANASI
Le train a quelques heures de retard... Nous abandonnons le refuge climatise de notre wagon pour plonger dans la fournaise de Varanasi (nouveau nom donne a la ville de Benares), il est 13h. Depuis quelques jours nous sommes passes a l'offensive. Desormais, c'est nous qui arnaquons les rickshaws! Nous leur annoncons le nom de l'hotel voisin de celui que nous avons reellement choisi, comme des touristes tout frais sortis de l'avion qui ne soupconnent pas encore qu'ils paieront dans le prix surevalue de leur chambre la commission du rickshaw qui les a conduit jusque la (alors meme qu'il n'y est pour rien dans le choix de l'hotel!). Des roupies plein les yeux dans l'espoir d'une allechante commission si facilement gagnee, le rickshaw-walla nous propose la course a un prix raisonnable, sans qu'on ait besoin de marchander. Arrives a destination, alors qu'il s'avance ostensiblement vers la reception pour bien montrer qu'il nous a menes jusqu'ici, nous nous carapatons rapidement pour entrer seuls dans l'hotel voisin, et nous faire annoncer le vrai prix des chambres (ce qui ne veut pas dire que l'hotelier n'en profite pas pour subitement gonfler ses prix de 50%, mais ca c'est une autre paire de manche, il faut traiter une arnaque a la fois! :-) Est bien pris qui voulait prendre, ca nous fait un bien fou!
Dans la meme veine, a chaque fois qu'un indien fait mine d'entamer la serie de questions habituelles dans l'espoir de retenir notre attention pour finalement nous proposer quelque chose a vendre (ses competences de faux-guide qui parle a peine anglais, ses barcelets en argent, ses echarpes en soie, son tour en rick-shaw...), nous prenons le lead sans le laisser continuer et le soumettons en retour a notre flot de questions... Tu viens d'ou, comment tu t'appelles, t'es marie etc... Ca les calme tout de suite et on jubile... :-) On adore se venger des indiens! :-))
Varanasi est etablie sur une seule rive du Gange, le fleuve sacre de la religion hindoue. De l'autre cote de l'eau, ce n'est que sable, poussiere, desert. Les fameux ghats, ces volees de marches qui descendent jusqu'a l'eau, se succedent dans la courbure du fleuve sur 2 a 3 km. Le Gange est le centre de la vie spirituelle et quotidienne de Varanasi. En raison de la forte chaleur (42ºC, un record pour la saison), il vit tot le matin, s'endort sous la morsure du soleil pour sortir de la torpeur en fin d'apres-midi. C'est un rythme que nous adoptons, anesthesies que nous sommes par la chaleur, des 11h du matin. Se meler a la foule coloree des gaths est fascinant. Les gens sont plutot sympas, et nous nous y sentons bien. Les marches sont le theatre de bien des scenes... Les gens y celebrent les pujas (prieres hindoues, individuelles ou collectives), s'en remettent aux mains habiles des barbiers, pratiquent le yoga, battent et etendent le linge, prennent des cours de natation, s'adonnent au bain sacre et purificateur, brulent leurs morts, deposent des bougies et des fleurs dans un frele esquif de feuilles en offrande au fleuve sacre, baignent leurs buffles de trait, defequent en groupe (la "caca party" existe aussi en ville, a defaut de champ on fait ca sur les marches...), se marient (on est en pleine saison des mariages, et les couples se succedent) ou meditent. L'ensemble est photogenique, sale, et odorant.

Bain rituel, offrandes, barbe a neuf, lessive, meditation ou yoga, les ghath sont le theatre de bien des choses...

Parfois destabilisant car ce qui dans nos societes touche a l'intime, au tabou et que l'on ne montre pas est ici expose : le bain, les excrements, la mort... Sur les 2 ghats crematoires, les buchers brulent 24h/24. Venir mourir a Vanarasi et se faire incinerer sur les rives du Gange est un espoir que tout hindou caresse. Un ultime pelerinage spirituel qui aurait pour vertu de raccourcir le cycle des reincarnations. Les corps allonges sur des brancards de bambou sont enveloppes dans un linceul rouge et recouverts de tissus dores, puis trempes dans le Gange avant d'etre installes sur un bucher. Les familles font la queue, accroupies aupres de leur mort, en plein soleil. Paradoxalement il ne se degage aucune emotion de ces instants qui pour nous seraient plutot tragiques. L'assistance est quasi exclusivement masculine et se regroupe devant le bucher avec l'air d'attendre l'issue d'une formalite administrative. Les intouchables charges de la basse besogne attisent les feux, remuent buches, restes de jambes ou de bras. Les pieds echappes du linceul se recroquevillent sous la chaleur du feu, la fumee epaisse repand une odeur forte de chair grillee. C'est space... Le bucher se paie au poids de bois. Sur le Gange, d'enormes barges remplies de buches assurent un approvisionnement regulier. Plus la famille est riche, plus le bucher est gros. Pour les familles les plus pauvres, le bois suffit a peine a bruler le corps, dont les restes non calcines sont jetes a l'eau avec les cendres. Et rejoignent ainsi les cadavres non brules (enfants de moins de 7 ans, yogis etc...), les egouts de la ville, les carcasses d'animaux (dont les vaches sacrees, qu'on n'incinere/n'enterre pas) et les ordures qui s'accumulent dans les eaux du Gange depuis des decennies.

Pur ou impur?

Les eaux du Gange qui analysees presentent 1.000.000 de fois plus de germes que le maximum autorise par nos normes sanitaires europeennes! Une eau surpolluee, qui favorise les epidemies, mais dans laquelle les hindous continuent de s'immerger avec adoration et respect. Il y a deconnection complete entre la purete au sens sacre et spirituel du terme et la purete physique. Quelques ONG se sont lancees dans l'aventure et tentent de mener des campagnes de sensibilisation pour ameliorer la qualite de l'eau mais la tache est difficile. Expliquer aux hindous que le Gange est sale et impur peut provoquer des emeutes!
Leves a 5h30 nous profitons de la fraicheur de l'aube pour louer les services d'un batelier et longer les ghats sur l'eau. Le soleil se leve et l'activite est deja a son comble.

En gondole a Varanasi...

A 19h, les pretres officient pour la puja du soir, au milieu des chants, des fumees d'encens et des jeux de flamme.

La puja du soir sur le ghat principal

Nous mettons nous aussi a l'eau quelques offrandes, pour la chance, la sante et le bonheur...
Pour le plaisir, nous n'avons pas attendu le concours du Gange et avons mordu dans le Varanasauss', le saucisson de notre 200eme jour de voyage! Mummmmm!

Toutes les photos sont dans l'album, au debut et... tout a la fin (les mysteres de l'informatique!:-)